« L’IA générative n’hésite pas à plagier massivement »


« Binaire » est un blog hébergé par Le Monde, le fruit du travail d’un groupe de copains. Pour parler d’informatique, de numérique et de science, nous cherchons des sujets, puis des auteurs. Ensuite, nous demandons aux auteurs d’écrire un article sur le sujet choisi. Ce travail est en compétition avec nos autres activités : travail, pétanque, apéro, etc.

Une idée de fainéant (les meilleures idées) serait de demander à des intelligences artificielles (IA) de faire le travail pour nous. Il s’agirait de nous aider à trouver des sujets à la mode et des auteurs possibles. Mais soyons fous, pourquoi ne pas carrément passer ensuite notre commande : « IA, écris-nous un article pour “Binaire” dans le style de tel ou tel de nos auteurs, sur l’informatique quantique ou sur le genre des blockchains… »

Rappelons rapidement comment ces IA fonctionnent. On fait ingurgiter des quantités gargantuesques de textes à un réseau de neurones profonds. A partir de cela, il construit un grand modèle de la langue. Il peut produire alors, sans rien y comprendre, les combinaisons de mots les plus probables autour d’instructions qu’on lui donne. Rien de magique, même si la technique est, en réalité, un poil plus complexe. Elle donne des résultats bluffants.

Les IA génératives travaillent donc à partir de tous les textes dont on les a nourries. Quoi de neuf ? L’écrivain aussi s’inspire de tous les textes qu’il a lus. D’une certaine manière, lui aussi écrit en s’appuyant sur un modèle du langage (intuitif) qu’il construit de ses lectures (Simone de Beauvoir, Frédéric Dard, Annie Ernaux…). Il emprunte aussi, même si, dans son cas, on appelle ça des inspirations, des références, des clins d’œil, etc.

Au fond, que change une IA générative ? D’abord, elle n’hésite pas à plagier massivement, sans avoir évidemment la moindre conscience de le faire. Une autre différence est qu’aujourd’hui ces IA se contentent de générer du texte, sans comprendre le sens de ce qu’elles racontent. Mais demain ? Quand elles cacheront mieux leurs emprunts, que le stade « singerie » des IA aura été dépassé, il sera moins simple de mettre en évidence une différence.

Stade « singerie »

Et, si on tolère un tel pillage, pourquoi s’embarrasser à rémunérer un créateur si l’IA fait le même travail à moindre coût ? La réponse est évidente. Parce que ces IA n’existent qu’en se nourrissant des créations d’humains. Au-delà des créations passées dans le domaine public, les humains vivants leur sont indispensables pour parler de l’actualité, s’adapter aux évolutions constantes de la langue, rester « branchées ».

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